L’orientation scolaire, sujet sensible (sondage)

En 2022, Métiers360 et LeWebPédagogique ont mené un sondage sur l’orientation en milieu scolaire auprès des enseignant·e·s. Nous vous présentons aujourd’hui l’analyse des résultats !

L’orientation, un sujet ancré dans le quotidien ?

2022 n’a pas fait exception : chaque année, il y a un moment où « Parcoursup » devient le terme incontournable. C’est la période que Métiers360 et LeWebPédagogique ont choisi pour lancer un sondage auprès de leur communauté d’enseignant·e·s sur la thématique de l’orientation scolaire.

Le questionnaire a été diffusé par mailing à environ 45 000 professionnel·le·s de l’Éducation nationale. En un mois et demi, il a obtenu près de 750 réponses. Parmi les répondant·e·s, on compte une moitié d’enseignant·e·s en collège, un quart en lycée toutes filières confondues, et plus de 60 % de professeur·e·s principaux/ales. Ces chiffres sont la preuve que le sujet est loin de faire partie du quotidien de tout le corps enseignant. Plus inquiétant : dans un quart des établissements représentés, le temps légalement dédié à l’orientation n’est pas du tout utilisé.

Le temps dédié à l'orientation au collège et au lycée est-il utilisé ? 43 % ont répondu à peu près, 24,8 % ont répondu pas du tout et 17,7 % ont répondu tout à fait.
Le temps dédié à l’orientation au collège (36h) et au lycée (54h) est-il mis en place dans votre établissement ? (733 réponses)

Un manque de formation

Pourtant personne ne nie qu’il s’agisse d’un sujet important. Trois quarts des répondant·e·s au sondage pensent d’ailleurs pouvoir contribuer à l’orientation de leurs élèves… mais pas seul·e·s. Beaucoup déclarent se sentir désemparé·e·s. Alors que 70 % font avec les moyens du bord, moins de 20 % déclarent avoir reçu une quelconque formation sur ce sujet.

La capacité à aider les élèves dans leur orientation
Que diriez-vous sur votre capacité à aider les élèves ? (739 réponses)
La formation à l'orientation
Que diriez-vous de votre formation à l’orientation ? (745 réponses)

L’information et ses sources

Que pensent les enseignant·e·s des informations dont ils/elles disposent ? Plus de la moitié se juge peu ou insuffisamment informé·e sur les dispositifs et outils d’accompagnement des élèves.

Dispositifs et outils scolaires pour l'orientation
Que diriez-vous à propos de l’information sur les dispositifs et les outils pour l’orientation de vos élèves ? (746 réponses)

En ce qui concerne les sources de l’info, pas de surprise. Comme pour beaucoup de sujets relatifs à leurs pratiques, les sources d’information privilégiées restent de l’ordre du service public national (CIDJ, Onisep…). On retrouve ensuite les écoles et CFA puis les entreprises, bien loin devant le numérique et autres médias.

Sources d'information sur l'orientation
Sur une échelle de 1 (faible) à 5 (fort), à quel degré les sources d’information sont-elles pertinentes pour un prof avec ses élèves ?

Le rôle des régions

Depuis la réforme de 2018, les régions sont devenues actrices majeures de l’orientation. Malgré cela, elles restent très éloignées des enseignant·e·s. En effet, environ 70 % d’entre eux/elles n’ont pas eu vent d’initiatives spécifiques sur leur territoire. Il peut s’agir d’un manque d’investissement aussi bien que de communication.

Initiatives régionales pour l'orientation scolaire
Depuis septembre 2018, les Régions ont une compétence élargie sur la découverte des métiers. Avez-vous pu bénéficier d’initiatives régionales sur votre territoire ? (727 réponses)

Des points de vue divergents, mais pas en tout point

Des questions permettant de formuler des réponses rédigées laissent paraître la sensibilité du thème de l’orientation, avec beaucoup de frustration. On peut distinguer deux attitudes. D’un côté, certain·e·s enseignant·e·s acceptent de prendre ce sujet comme une nouvelle mission à condition d’obtenir de la formation, du temps et des moyens de mise en œuvre. De l’autre, on retrouve celles et ceux qui réfutent toute implication et exigent l’embauche de personnel spécialisé. Ces professeur·e·s regrettent la réduction du nombre de CIO et la conversion des conseillers/ères d’orientation en psys-EN, en nombre de toute façon insuffisant par rapport à celui des élèves.

La thématique devient rapidement politisée. Il y a une certaine unanimité autour de la nécessité de revaloriser des métiers manuels (de l’art, de l’artisanat) et physiques (du sport), et de la mise en valeur des métiers « de demain » liés à l’écologie.

Des objectifs centrés sur les élèves

La majorité des professionnel·le·s du monde scolaire ayant répondu au sondage partagent une vision de l’orientation réussie centrée sur l’épanouissement des élèves. Ce facteur leur semble bien plus important que les objectifs politiques de grande échelle. Pour les répondant·e·s, le rejet de Parcoursup, des formations privées coûteuses et de l’adéquationnisme ne sont que secondaires. D’ailleurs, il n’est jamais fait mention de « métiers en tension ».

La vision de ces enseignant·e·s se traduit par une hiérarchisation des objectifs. En premier lieu, l’ouverture du champ des possibles (80 % environ). On vise ensuite une bonne information des élèves, puis le fait de donner envie. Enfin, on veut aider les élèves à s’émanciper de leur famille.

Objectifs de l'orientation scolaire
Pour vous, quel est le principal enjeu de l’orientation ? (747 réponses)

Un apprentissage par l’échange et l’expérience

L’expérience des enseignant·e·s forge leur façon de penser et leurs demandes. Leur besoin de formation sur le sujet de l’orientation s’accompagne d’une vision du métier comme un processus d’évolution tout au long de la vie. Cela s’applique à eux/elles-mêmes et à la jeune génération, pour laquelle ils/elles souhaitent des passerelles pour ne pas se retrouver enfermée dans une voie post-bac.

Quand il s’agit de parler de moyens et d’outils, les enseignant·e·s privilégient toujours l’échange et le contact humain. À défaut de disponibilité des psys-EN, ils/elles optent pour la rencontre avec des professionnel·le·s, par exemple lors d’une visite d’entreprise ou d’une invitation en classe, d’un échange à travers une plateforme, ou au mieux d’un stage. Il n’est donc pas surprenant de trouver parmi les outils idéaux évoqués de nouveaux moyens de mise en relation. Au-delà de l’échange et de l’expérientiel, le numérique s’est fait une place dans les pratiques. C’est la période Covid qui a entraîné une accoutumance aux nouveaux usages dans le monde scolaire : webinaires, chaînes YouTube, serious games, parcours en ligne.

En conclusion

Ce sondage sur l’orientation en environnement scolaire nous montre qu’une partie des enseignant·e·s ne souhaite pas développer un travail de l’orientation avec leurs élèves. Ils/elles préfèrent en fait laisser ce sujet à des professionnel·le·s dont ce serait spécifiquement la mission. Cependant, une majorité des répondant·e·s partagent globalement une même vision du sujet. Pour eux/elles, il s’agit moins d’une étape liée à des moments précis tels que les vœux post-troisième ou Parcoursup que d’un processus émancipatoire.

Le but de ce cheminement serait de comprendre les mondes du travail, ses besoins personnels et ses souhaits professionnels, avec une possibilité d’évolution tout au long de la vie. Une vision sans doute lié à la prise de conscience de nombreux/ses enseignant·e·s sur leur vie professionnelle. Eux/elles-mêmes réalisent qu’ils/elles n’exerceront peut-être pas leur métier toute leur vie… Comme en témoigne le nombre croissant de tentatives de reconversions hors du corps professoral.

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