Dans son livre Psychologie sociale du sport, Sophie Jowett explique que la discipline sportive peut avoir un impact sur différents aspects de la vie sociale. Le caractère collectif, qui prépare au travail en équipe, mais aussi la discipline physique, et la réalité stratégique, demandent des capacités de concentration et de rigueur, qui sont toujours bienvenues lorsqu’il s’agit de réfléchir à ses perspectives d’insertion, et inculquent des valeurs qui pourront servir tout au long de notre vie professionnelle. Les vertus du sport ne sont plus un secret ! Beaucoup d’acteurs/trices de l’insertion proposent des activités sportives pour renforcer l’esprit de solidarité envers les différents profils de leurs publics. Nous avons choisi de mettre en avant une initiative qui nous a paru intéressante à présenter, tant son angle est inspirant.
Au-delà du vecteur social, qui permet par la discipline et l’aspect collectif de se confronter à des valeurs chères au monde du travail, il est également possible d’utiliser la vocation sportive, et par extension la passion, pour choisir son corps de métier. C’est le pari que fait Nicolas Fabre, directeur de la structure « Play Sports », dont la mission est de sensibiliser les jeunes en insertion ayant un affect particulier avec le sport, et de leur présenter un panel de métiers associés au secteur. La structure utilisant les casques VR Métiers 360, nous avons profité du partenariat pour nous entretenir avec lui, découvrir les enjeux qui encadrent sa démarche, et comprendre quels types de publics sont visés par cette dernière.
Redéfinir les frontières du sport
Selon Nicolas, le but premier de Play Sports est de déconstruire le cliché qui considère le sport, hors de son caractère ultra-professionnel pour les athlètes de haut niveau, comme un simple loisir, une activité en dehors de ses heures de travail n’ayant qu’une vocation récréative. « Parmi les jeunes que nous rencontrons, les ¾ veulent être professionnel(le)s ou juste s’amuser mais ne réalisent pas qu’il y a de nombreux métiers autour du sport. Pour nous, c’est surtout dû au fait qu’il y a peu d’encadrant(e)s pour les orienter. Prenez un(e) jeune qui aime le basket, par exemple, pour qui c’est une énorme passion, qui tente de devenir joueur/euse de haut niveau mais qui se blesse et voit sa potentielle carrière éclater sous ses yeux, ou qui tout simplement se rend compte qu’il/elle ne sera jamais assez bon(ne) pour intégrer une grande équipe. Notre mission est d’éviter ce décrochage sportif et de l’aider à conserver sa passion, en lui faisant découvrir des métiers liés à cet univers dans lequel il/elle est à l’aise, et peut s’épanouir. »
Play Sports intervient dans les structures à but sportif, comme les clubs, dont Nicolas estime que l’implication n’est pas assez conséquente, et ne permet pas d’entrevoir les nombreuses professions liées au sport vers lesquelles on peut se diriger. « Les clubs de sports ne proposent pas assez de choses là où on manque de bénévoles, d’entraîneurs/euses, d’arbitres, ou même de jardiniers/nières. C’est bête à dire, mais un(e) passionné(e) de sport peut être sensibilisé(e) à l’importance d’entretenir une pelouse pour qu’un match soit idéal ! Avec les casques Métiers 360, nous tentons de présenter la plus grande variété de métiers, que l’on peut retrouver dans les clubs, les centres de loisirs, de vacances. On les pousse à se diriger vers les structures près de chez eux/elles pour s’informer, voir ce qu’il est possible d’accomplir, les postes à pourvoir, etc. On les sensibilise aussi au handisport, qui nécessite tout autant de professionnel(le)s et peut ajouter à leur passion une vocation humaniste. D’ailleurs, puisqu’on aborde ce sujet, on essaie aussi de faire bouger les choses pour les personnes en situation de handicap, qui sont souvent freinées par un manque d’urbanisme adapté dans ces structures, mais aussi car on constate certaines réticences au niveau des clubs, alors que ce sont des personnes tout à fait aptes à s’impliquer et travailler. »
Un épanouissement professionnel, social et personnel
L’une des contraintes les plus récurrentes rencontrées par les intervenant(e)s de Play Sports inclut le manque de dialogue familial autour de la vocation des jeunes. Avec les contraintes quotidiennes, les parents de jeunes en difficulté d’insertion ont du mal à se projeter dans des métiers qui, selon eux/elles, peuvent sortir du cadre « classique » de l’emploi. Une fois encore, Play Sports est là pour répondre à leurs questions. Nicolas explique : « Les parents voient encore plus difficilement le sport comme un secteur qui propose des débouchés et des possibilités professionnelles. Lors de nos ateliers de présentation, on les invite à venir, à participer aux démonstrations. Les découvertes de métier via les casques VR ont donc un double but, et permettent de renouer le dialogue, les adultes comprennent l’envie professionnelle du/de la jeune. Ça permet aussi d’établir un parcours plus précis, qui sera appuyé et soutenu par les proches. On peut même s’en servir pour orienter les adultes ! Il arrive selon certains profils que les réticences parentales viennent aussi de personnes qui, à titre personnel, sont dans une situation de chômage longue durée, et veulent que leurs enfants trouvent un travail stable. On peut avec des découvertes voir naître des vocations chez des chômeurs/meuses de longue durée ».
Dans sa démarche, Nicolas Fabre encourage les clubs à s’impliquer dans leur vie locale, et les intéressé(e)s à approcher les métiers liés au sport. Souvent en déplacement, il est régulièrement invité dans des clubs et ce partout en France pour faire découvrir son initiative et créer des bases de recrutement. Il nous confie qu’il ne se ferme pas à l’idée d’autres partenariats avec des structures d’insertion locales. Peut-être les vôtres !